Suite à une chronique consacrée au savon de Marseille ce jeudi matin dans l'émission Bourdin Direct de Jean-Jacques Bourdin, il a eu d'énormes inexactitudes sur la présence d'huile de palme dans les savons de Marseille.
Voici la lettre envoyée à Monsieur Jean-Jacques Bourdin de la part de Laurence Duthu, présidente fondatrice de l'association L'Huile de Palme : NON !
Monsieur Bourdin,
Ce matin lors de votre émission sur RMC, une chronique était consacrée
au savon de Marseille. Bien que courte, cette chronique fut jonchée
d'inexactitudes et plus particulièrement au sujet de l'huile de palme.
En tant que fondatrice et présidente de l'association L'Huile de Palme :
NON !, le savon de Marseille est un produit où l'huile de palme
industrielle est omniprésente.
Tout d'abord, il est bon de
rappeler que la fabrication du savon de Marseille a été règlementée le 5
octobre 1688 par un édit de Louis XIV, signé par Jean-Baptiste Colbert
de Seignelay.
Selon l'article III de l'édit : "On ne pourra se
servir dans la fabrique de savon, avec la barrille, soude ou cendre,
d'aucune graisse, beurre ni autres matières ; mais seulement des huiles
d'olives pures, et sans mélange de graisse, sous peine de confiscation
des marchandises."
Comment expliquer alors que l'on trouve de
l'huile de palme/palmiste dans les savons des puristes comme la société
Marius Fabre ? Société défendant haut et fort l'IPG (Indication
Géographique Protégée) du savon de Marseille.
En 1688, l'huile de
palme ou palmiste n'était pas disponible sur le marché français. Elle a
commencé à être importée, de même que l'huile de coprah, des colonies
africaines vers le milieux du 19ème siècle. Depuis, l'huile de palme
africaine a été supplantée par celle provenant d'Indonésie et Malaisie
où sévit la déforestation par des monocultures à perte de vue, provocant
des désastres environnementaux et sociaux comme l'extinction d'espèces
animales, rejets en masse de CO2, perte de la biodiversité, accaparement
des terres des populations autochtones, esclavagisme moderne, travail
des enfants.
Au court de la chronique, vous avez montré un savon
de Marseille (blanc) de la société Marius Fabre, malheureusement celui
là ne contient pas une goutte d'huile d'olive... mais de l'huile de
palme ! Voici la liste des ingrédients (INCI) que l'on trouve sur le
site du fabricant lui même : Sodium palmate (huile de palme), Aqua,
Sodium cocoate (or palmkernelate) (huile de coprah ou de palmiste),
Glycerin (provenant de l'huile de palm), Sodium chloride, Sodium
hydroxide.
Je me demande bien comment avez-vous pu sentir l'odeur de l'huile d'olive dans un savon n'en contenant pas une seule goutte !
Pour ne pas être accusée de mauvaise langue, il est vrai que la société
Marius Fabre fabrique un savon de Marseille de couleur verte à l'huile
d'olive et à l'huile de coprah (là aussi bien plus pour des questions de
coût et que pour ses propriétés moussantes avancées). Par contre, il
n'est pas indiqué la proportion exacte d'huile d'olive, la garantie "72%
d'huile" ne voulant rien dire puisque le savon blanc cité plus haut a
la même garantie de 72% d'huile. Ce qui ramène aux paroles fausses de
votre chroniqueuse "le savon (de Marius Fabre) est constitué de 72%
d'huile d'olive." Il est bon de noter que la quasi majorité des produits
proposés par la société Marius Fabre contient de l'huile de palme et
dérivés et donc de matières premières venant d'Asie dont vous n'avez pas
l'air très enclin.
En prenant à la lettre l'édit de Colbert,
beaucoup de sociétés utilisent de l'huile de palme/palmiste alors
qu'elles pourraient utiliser de l'huile d'olive, bien plus
représentative de Marseille ! Ah mais oui... l'huile d'olive c'est bien
moins rentable que l'huile de palme !
Si vous voulez vraiment
faire la promotion d'un savon de Marseille, fabriqué à Marseille, et
garanti 100% huile d'olive bio, je vous conseille de vous tourner vers
la société "Comme Avant" par exemple. La technique n'est pas la cuisson
au chaudron mais la saponification à froid qui permet, entre autres, de
garder toutes les propriétés de l'huile d'olive. Et non, l'association
L'Huile de Palme : NON n'a aucun lien avec cette fabrique ni aucune
autre, une de nos missions étant l'information.
Pour terminer,
vous avez cité "Le Petit Marseillais" en précisant que vous ne saviez
pas si c'était ou non du vrai savon de Marseille. Réponse toute simple :
non. D'ailleurs, la société Le Petit Marseillais détient une perle que
l'on peut lire sur leur site internet : https://www.lepetitmarseillais.com/…/la-petite-histoire-du-…
"Le vrai savon de Marseille, lui, doit contenir 72% d’huiles végétales,
un peu d’eau, du sel, de la soude et basta ! Si sur l’étiquette vous
lisez autre chose que :
sodium olivate (huile d’olive)
sodium palmate (huile de palme)
sodium cocoate (huile de coco)
aqua (eau)
sodium chloride (sel)
sodium hydroxyde (soude caustique), …
Alors passez votre chemin !"
Oui les savons à l'huile de palme passez votre chemin !
Cordialement,
Laurence Duthu
Présidente fondatrice association L'Huile de Palme : NON !