mercredi 13 décembre 2017

Jean-Jacques Bourdin et le savon de Marseille à l'huile de palme

Suite à une chronique consacrée au savon de Marseille ce jeudi matin dans l'émission Bourdin Direct de Jean-Jacques Bourdin, il a eu d'énormes inexactitudes sur la présence d'huile de palme dans les savons de Marseille.

Voici la lettre envoyée à Monsieur Jean-Jacques Bourdin de la part de Laurence Duthu, présidente fondatrice de l'association L'Huile de Palme : NON !

Monsieur Bourdin,
Ce matin lors de votre émission sur RMC, une chronique était consacrée au savon de Marseille. Bien que courte, cette chronique fut jonchée d'inexactitudes et plus particulièrement au sujet de l'huile de palme.
En tant que fondatrice et présidente de l'association L'Huile de Palme : NON !, le savon de Marseille est un produit où l'huile de palme industrielle est omniprésente.
Tout d'abord, il est bon de rappeler que la fabrication du savon de Marseille a été règlementée le 5 octobre 1688 par un édit de Louis XIV, signé par Jean-Baptiste Colbert de Seignelay.
Selon l'article III de l'édit : "On ne pourra se servir dans la fabrique de savon, avec la barrille, soude ou cendre, d'aucune graisse, beurre ni autres matières ; mais seulement des huiles d'olives pures, et sans mélange de graisse, sous peine de confiscation des marchandises."
Comment expliquer alors que l'on trouve de l'huile de palme/palmiste dans les savons des puristes comme la société Marius Fabre ? Société défendant haut et fort l'IPG (Indication Géographique Protégée) du savon de Marseille.
En 1688, l'huile de palme ou palmiste n'était pas disponible sur le marché français. Elle a commencé à être importée, de même que l'huile de coprah, des colonies africaines vers le milieux du 19ème siècle. Depuis, l'huile de palme africaine a été supplantée par celle provenant d'Indonésie et Malaisie où sévit la déforestation par des monocultures à perte de vue, provocant des désastres environnementaux et sociaux comme l'extinction d'espèces animales, rejets en masse de CO2, perte de la biodiversité, accaparement des terres des populations autochtones, esclavagisme moderne, travail des enfants.
Au court de la chronique, vous avez montré un savon de Marseille (blanc) de la société Marius Fabre, malheureusement celui là ne contient pas une goutte d'huile d'olive... mais de l'huile de palme ! Voici la liste des ingrédients (INCI) que l'on trouve sur le site du fabricant lui même : Sodium palmate (huile de palme), Aqua, Sodium cocoate (or palmkernelate) (huile de coprah ou de palmiste), Glycerin (provenant de l'huile de palm), Sodium chloride, Sodium hydroxide.
Je me demande bien comment avez-vous pu sentir l'odeur de l'huile d'olive dans un savon n'en contenant pas une seule goutte !
Pour ne pas être accusée de mauvaise langue, il est vrai que la société Marius Fabre fabrique un savon de Marseille de couleur verte à l'huile d'olive et à l'huile de coprah (là aussi bien plus pour des questions de coût et que pour ses propriétés moussantes avancées). Par contre, il n'est pas indiqué la proportion exacte d'huile d'olive, la garantie "72% d'huile" ne voulant rien dire puisque le savon blanc cité plus haut a la même garantie de 72% d'huile. Ce qui ramène aux paroles fausses de votre chroniqueuse "le savon (de Marius Fabre) est constitué de 72% d'huile d'olive." Il est bon de noter que la quasi majorité des produits proposés par la société Marius Fabre contient de l'huile de palme et dérivés et donc de matières premières venant d'Asie dont vous n'avez pas l'air très enclin.
En prenant à la lettre l'édit de Colbert, beaucoup de sociétés utilisent de l'huile de palme/palmiste alors qu'elles pourraient utiliser de l'huile d'olive, bien plus représentative de Marseille ! Ah mais oui... l'huile d'olive c'est bien moins rentable que l'huile de palme !
Si vous voulez vraiment faire la promotion d'un savon de Marseille, fabriqué à Marseille, et garanti 100% huile d'olive bio, je vous conseille de vous tourner vers la société "Comme Avant" par exemple. La technique n'est pas la cuisson au chaudron mais la saponification à froid qui permet, entre autres, de garder toutes les propriétés de l'huile d'olive. Et non, l'association L'Huile de Palme : NON n'a aucun lien avec cette fabrique ni aucune autre, une de nos missions étant l'information.
Pour terminer, vous avez cité "Le Petit Marseillais" en précisant que vous ne saviez pas si c'était ou non du vrai savon de Marseille. Réponse toute simple : non. D'ailleurs, la société Le Petit Marseillais détient une perle que l'on peut lire sur leur site internet : https://www.lepetitmarseillais.com/…/la-petite-histoire-du-…
"Le vrai savon de Marseille, lui, doit contenir 72% d’huiles végétales, un peu d’eau, du sel, de la soude et basta ! Si sur l’étiquette vous lisez autre chose que :
sodium olivate (huile d’olive)
sodium palmate (huile de palme)
sodium cocoate (huile de coco)
aqua (eau)
sodium chloride (sel)
sodium hydroxyde (soude caustique), …
Alors passez votre chemin !"
Oui les savons à l'huile de palme passez votre chemin !
Cordialement,
Laurence Duthu
Présidente fondatrice association L'Huile de Palme : NON !

2 commentaires:

  1. La savonnerie Marius Fabre a annoncé en décembre avoir réussi à remplacer l'huile de palme de certains savons qui en contenaient encore par l'huile de tournesol.

    https://www.marius-fabre.com/fr/blog/savon-de-marseille-sans-huile-de-palme-n176

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